Billy est parti
		de Padstow il part
		tous les matins
		toutes les nuits
		à la fraîche
		aux lueurs des phares
		avec son bateau
		troué
		tout retapé
		raccommodé
		on ne sait même pas comment il flotte
	
	
		
			Références
		
	
	
		La fille des bateaux
		à les attendre sur le rivage
		je les devine et les vois arriver
		je vide les filets
		les sors
		les remets
		quand Billy est là
		je lâche les derniers poissons
		je les remets à l’eau
		et mes yeux traversent l’horizon
	
	
		Salut Billy
		on ne t’a pas vu partir
		une ombre dans le matin
		on a le choix entre un fantôme ou Billy
		qui n’attend pas
		qui n’attend rien
	
	
		il n’y a que Rosie qui est là
		Rosie qui reconnaît le bruit du moteur
		autre ombre claire
		dans le fond du jardin
	
	
		je n’ai rien connu que la mer
		la mer froide
		aux abords de l’océan
		où les courants se cognent
		le chaud et le froid
		je n’ai rien connu que la mer
		et Billy
		 
		Je t’ai connu un soir                   	
		Billy
		où la mer se taisait
		où le vent même
		ne refoulait plus son haleine salée
		l’odeur des algues
		qu’on sent visqueuse sous les pieds
		Billy tu étais beau
		sous ton imper ciré brillant
		tes cheveux pas coupés
		ta barbe en pointes irrégulières
		ma cécité joyeuse
		                          	
	
	
		Et maintenant, de la part de Sylvia pour Dorothea, un morceau des Cure, Siamese twins
	
	
		Leave me to die, you won't remember my voice
		I walked away and grew old
		You never talk, we never smile
	
	
		Allô Billy?
		Ton corps erre-t-il au milieu du ressac?
					
		Tu n’es pas de ceux qui finissent sous terre
		
		Tu m’as oubliée Billy, 
		pourtant je te disais bien
		ne m’oublie pas
		regarde
		ma main découpe le pain
		les échalotes que je croque
		que tu croques sous mes yeux
		je suis réelle
		plus vraie que les mirages du fond des mers
		           	
	
	
		Le tout-venant
	
	
		Rosie
	
	
		Billy
	
	
		Flash Info
		Nous venons de retrouver un vaisseau à la dérive au large de Hugh Town
		Coordonnées 49°48'17.3"N 7°39'53.6"W
		On nous signale qu’il n’y a pas de trace de l’équipage à bord
		Je répète
		Pas d’équipage
		le vaisseau est déserté
		Stop
	
	
		Allô, dans quoi t’es-tu fourré
		pour que je n’aie rien
		signe zéro
		pas d’image qui revienne
	
	
		As-tu voulu rejoindre La Pérouse?
		Cet explorateur qui n’est pas revenu
	
	
		Je recherche Billy, au fond de la nuit
		Il est parti sur son bateau et n’a plus jamais donné de nouvelles
	
	
		Ton visage perdu sous la vague
		le son du vent
		à rendre sourd
		
		Et je te vois encore Billy.
		La nuit à travers mes paupières fermées
		La lumière traverse mes paupières fermées
		Celle des éclats au fond des océans
		Ton pendentif brille
		Et les mousquetons aux poches cliquètent
		Billy est devenu fou
		Billy
		Est devenu
		
		Epave au fond des mers
	
	
		Que fait l’eau salée aux marins
		pour nous les rendre fous, saoulés, pleins, prêts à quitter les continents?
		
		Mais l’homme ne reste pas éternellement en mer n’est-ce pas?
		Nous serions nés affublés de nageoires, crêtes dorsales, et tout le tralala.
		
	
	
		le deuil fait fuir les gens Billy
		il y a quelque chose
		qui fuit
					
		comme s’ils ne pouvaient faire face au visage
		le visage qui a perdu
					
		
		souviens-toi Billy
		comme on était beaux
		et comme la folie qui te prenait n’altérait rien à cette beauté
					à ce visage de grue cendrée
					souviens-toi
					comme il restait ces aubes froides
					ces paysages vers où personne n’a envie de fuir
					il restait nous Billy
					sur le pont
					debout sous les bourrasques
					et il n’y avait qu’à rire
					tout se transforme
					ton chant cassé
					ta voix dégueulasse
					qui dégueule
					dans ma propre gorge
		
					et mon visage perdu
		
		Il aurait fallu se dire tellement plus
		Que tu m’expliques le fonctionnement entier de ton bateau 
		de chacun des filets
		ceux que nous n'utilisions jamais
		comment on attrape des lamproies de nuit
		
	
	
		et je ne sais pas
		pourquoi je pense encore à toi
		Billy
		dans les tréfonds de la cale de ton bateau
		qui côtoie maintenant les coraux et les bas-fonds
		 
	
	
		Mes yeux ont changé de vision Je dois mettre des lunettes L'émotion a abîmé ma pupille Ma cornée est devenue plus dure et résiste sûrement mieux au sel
		Aujourd'hui la mer est océan et je reçois son eau même perchée ici J'ai mal aux yeux ce matin J'aurais voulu ma mère C'est la Manche en face qui me regarde ou m'ignore De toutes façons on ne sait pas J'aurais voulu te dire les choses Ce banc est peut-être le moyen de te dire au revoir Il n'y a pas d'endroit où aller Je ne sais pas ce que j'ai raté avec toi Je ne sais pas bien ce que l'on a pu réussir non plus Je crois que nous n'aurions pas mieux fait Il n'y a plus rien à attendre et c'est peut-être mieux ainsi
		
	
	
		Personne ne sait rien de toi Billy, que ce que tu as bien voulu montrer 
		Et je sais qu'il y a beaucoup de mystère autour de toi 
		Je ne crois pas que tu nous aies laissé d'indices 
		À part ces objets qu'il nous reste
		Comme pour laisser la trace 
		Il a fallu sûrement simplement nous arrêter là 
		
		Elle a tout nettoyé et c'est courageux parce que cela aurait pu être dire adieu aux traces de toi 
		Et il aura fallu comprendre que la dernière trace n'est pas celle-là
		Il aura fallu que Rosie comprenne, pour vendre ton bateau
		
		Rosie va se lever 
		comme marcher ne se désapprend pas
	
	
		novembre Atlantique nord
		les idées sont dangereuses quand on est seul
		conserver une sorte de veille lors de la navigation de nuit
		balayée ma mélancolie
		
		
		
		on m'a donné un magnétophone et 77 miles de bande
		et un rôle: remplir cet espace de charabia
	
	
		Mon flotteur se fend, j’ai besoin d’aide
		
		Je ne suis pas là où je suis censé être
	
	
		la criée:
		chœur qui chante les lettres F, I, S et H  imprimées sur des feuilles qui tombent du ciel en cascades
	
	
		sur les bateaux
		signaux radios, rythme des boutons, flashs des leds
	
	
		Une marée en chasse-t-elle une autre ?
		
		Au milieu de la mer du Nord, mon vaisseau en pleine tempête.
		Plus de cormorans, bassans, pétrels.
		Sèment-ils la tempête ?
		Bardés de soleil, à l’intérieur.
		
		Remontent mer, fleuve, rivière, ruisseau, source.
		Délaissent pied marin
		pour hiver doré
		
		Ne croyez pas que les oiseaux ne font pas ce qu’ils disent.
		
		L’écume transparente à ma bouche
		celle que les bourrasques a faite s’envoler et se poser là, faute d’oiseaux (à emporter), faute d’eau douce.
		c’est l’heure que tu aimes Rosie
		le sombre
		et je vois ton dos qui se dessine contre le bleu de ta robe
		le vent assourdissant qui siffle
		ne plus entendre mon propre cerveau, qui s’agite dans les cordages, à la recherche d’une idée
		debout sur le pont, au plus fort de la tempête, pieds écartés, posés bien à plat, comme pour plaquer au sol la surface du sol, les lattes de bois cintré,
		gondolées
		sur ma gondole dans une Venise d’apocalypse
		poings aux oreilles
		pour lutter contre le sifflement
		voix qui me vient de loin
		voix qui descend en marche
		voix qui revient
		ton dos bleu dans la nuit
		sommet de vagues
		le ciel est-il un lit ?
		Et je n’entends plus les questions qu’on me pose
		Mer du Nord en furie
		Prends mon temps
		Prends mon souffle
		Trépignement des cordages en suspens
		au loin, falaises symboliques
		analogiques
		tu m’as manqué
		la robe vole dégoulinante
		rabattage des voiles
		rabâchage du flux d’air
		effondrement des bordures de l’océan
		tu craches tu craques
		cracheuse d’eau salée entre les vagues
		trois heures ou six je sais plus
		en chien de fusil étalé de tout mon long chien de nuit entre chien et loup (comme on dit) à errer entre les ordures de la mer les poissons volants en train de crever
		stroboscope des rayons de lune contre les vagues
		et soleils en dedans
		viens !
		je précède silencieusement la nuit qui tombe
		je fais le tour de ma mémoire à ta recherche
		la bouche pleine d’iode
		ça brille de radioactivité
		bleu tard
		et je te dis que demain c’est maintenant
		et que je te prépare aux additions
		prépare-toi (tu me dis) à sauter par-dessus nos silhouettes détrempées
		ta robe à essorer
		la mer à rendre fous
		à ce moment
		j’ai besoin de l’air!
		j’ai besoin de l’air dans mon système respiratoire
		d’embruns dans les cavités nasales
		pompent l’espace de son atmosphère salée
		vent bat toujours à mes oreilles
		trompe mon audition
		toi aussi tu serais devenue sourde
		ta robe par-dessus tête, on voit plus que la forme de ton visage moulé par la jupe,
		ta robe par-dessus bord
		si tu pouvais baisser le son, s’il te plaît ?
		s’il te plaît Rosie ?
		est-ce que quelqu’un ici pourrait couper le fond sonore
		quelque part entendu, oui, tu m’as dit quelque chose, je le lis sur tes lèvres,
		mais quoi, une description (détaillée) émerveillée, un arrière-pays quelque part entendu oui,
		énoncé péremptoire de tes vérités inaudibles, le mât tangue,
		ongles enfoncés dans la falaise qui s’effrite
		vaisseau mille morceaux
		
	
	
		What shall we do with a drunken sailor
		What shall we do with a drunken sailor
		What shall we do with a drunken sailor
		Early in the morning
		
		Way hay and up she rises
		Early in the morning
		
		Sling him in the long boat till he's sober
		Keep him there and make 'im bale 'er
		Pull out the plug and wet him all over
		Take 'im and shake 'im, try an' wake 'im
		Trice him up in a runnin' bowline
		Give 'im a taste of the bosun's rope-end
		Give 'im a dose of salt and water
		Stick on 'is back a mustard plaster
		Shave his belly/head/legs/balls with a rusty razor
		Send him up the crow's nest till he falls down
		Tie him to the taffrail when she's yardarm under
		Put him in the scuppers with a hose-pipe on him
		Soak 'im in oil till he sprouts flippers
		Put him in the guard room till he's sober
		Put him in bed with the captain's daughter
		Take the Baby and call it Bo'sun
		Turn him over and drive him windward
		Put him in the scuffs until the horse bites on him
		Heave him by the leg and with a rung console him
		
		That’s what we’ll do with a drunken sailor
		Early in the morning
	
	
		Romy
	
	
	
		Un chien aboie.
		Il n’aboie que de temps en temps, puis de plus en plus souvent.
		La télé est en marche.
		En anglais.
	
	
		On est à 25000 mille nautiques sud des îles de Scilly. 
		A la sortie de la Manche et l’entrée de l’Atlantique, il y a de grandes vagues.
		Ça change vite.
		
		Journée d’été, c’est magnifique.
		
		Je me souviens, là, je m’assois au-devant du bateau.
		
		Il y a les marsouins qui passent à côté, il y a le soleil qui se lève ou se couche, le chien à côté qui regarde.
		
	
	
		Ça change vite
		Oui, ça change vite.
	
	
		C’est un phare qui se trouve à 12000 nautiques de Plymouth, en pleine mer. Eddystone. C’est là où papa allait pêcher le bar, avant que je naisse. 
		
		C’est là où il a appris les courants.
		
		
		
		Après avoir mangé, les bars dorment où il n’y a pas de courant. Vers les rochers, au pied du phare, c’est où on les pêche.	
	
	
		Les fous de Bassan.... 
		
		Dès qu’ils entendent qu’on change de rythme avec le moteur du bateau, ou au bruit du treuil, ils arrivent. 
		
		On entend tout en mer. Nous on entend rien à cause du bruit du moteur. 
		On les appelle "arrows": ils mettent leurs ailes en arrière et ils entrent dans l’eau comme des flèches. Ça va loin, jusqu’à dix, quinze mètres de profondeur. Une de leurs morts possibles, c’est lorsqu’ils se dirigent vers la terre et qu’ils ne voient plus les distances, ils s’écrasent contre les falaises.
	
	
		Voilà notre bateau, un bateau de dix mètres.
		
		On pêche en pleine Manche.
		On part chaque fois pendant quatre jours l’été.
		Si on casse on doit réparer à bord.
		Ça s'apprend, il m'apprend.
		
		La nuit, à onze heures du soir on s’arrête de pêcher. Les chaluts brillent dans la nuit, Billy va se coucher. Moi je suis de garde sur le pont.
		
		Les lumières des paquebots, des super tankers, immenses.
	
	
		Centre de tri du poisson
	
	
		
	
	
		
	
	
		
	
	
		
	
	
	
	
		Où ça?
		
		
		A quoi ressemblait-il?
		
		
		C'était peut-être un Bassan?
	
	
		As-tu vu cet étrange oiseau?
		
		
		Là-bas... Il a traversé le ciel à toute vitesse.
		
		
		Une fusée.... 
		
		
		Non...
	
	
		J'entends Billy est devenu fou.
	
	
		Livraison au hangar de tri du poisson.
	
	
	
		En janvier, on a commencé à entendre parler de cette course, dans les encarts des journaux.
	
	
	
		On a retrouvé le bateau désert
		à son bord 
		un carnet
		des listes
	
	
		Adams, Amorce, Anneau brisé, Appâts, Arbalète, Ardillon, Balance, Bouillette, Cannes, Chalut-râteau, Chaluts (autres), Charfia, Chènevis, Crinelle, Cuillère, Dispositif de harcèlement acoustique, Drague, Drum line, Écluse, Epuisette, Filets, Float-tube, Flotteur, Foëne, Gangui, Girelier, Gray Ghost, Hameçons, Harpon, Havenot, Kit de réparation des chaluts, Lamparo, Lignes, Madrague, Maillants, Moulinets, Nasses, Nivrée, Paillot, Palangre, Palangrotte, Pantière, Pièges, Pinger, Pousseux, Rapalas, Rorbu, Rusquet, Séchoir, Thonaille, Turlutte, Verveux, Vivier, Vouve
	
	
		Billy est parti à bord d’un badan, d’un baleinier, d’un chalutier, d’un dundee, d’un crevettier, d’une barque catalane, d’une sharpie, d’un dogre, d’un bateau ostréicole, d’un caïque, d’un bhum, d’une bisquine, d’un bolincheur, d'une jonque, d’une barquette marseillaise, d’un bautier de Barfleur, d’une bette, d’un camin du Havre, d’un chasse-marée, d’un flobart, d’un flambart, d’un poti marara, d’un skiff, d’un chalutier de Brixham, d’un kayak, d’un tartane, d’un cordier du Cotentin, d’un terre-neuvier, d’un dundee, d’un voadeira,  d’un caseyeur, d’un fileyeur, d’une filadière, d’un boutre, d’un coureauleur, d’un harenguier, d’une toue cabanée, d’un ganja, d’un thonailleur, d’un lotca, d’un morutier, d’un jaliboot, d’un langoustier, d’un ligneur, d’un navire-usine, d’un pointu, d’une plate, d’un canoë, d’un nègue-chien, d'une caravelle, d’une mourre de pouar, d’un sardinier, d’un Jahazi, d’une lanche, d’un coquillier, d’un gommier, d’un chalutier à perche, d’une pirogue de Bercy, d’une pirogue à balancier, d’un prao, d’un sambouk, d’un trawler, d’un scute, d’un luzzu, d’une saintoise, d’un thonier, d’un palangrier, d’un rafiot, d’une vaquelotte, d’un sinagot, d’un senneur, d’une pinasse du bassin d’Arcachon, d’un zaroug, d’un txalupa, d’une barque, d'un ketch
	
	
		Juste quelque chose...
		
		
		La bouteille de lessive...
		
		
		
		Elle était vide. Elle flotte. Regarde.
		
		
		Tu ne te demandes jamais où tout cela va?
	
	
		Que viens-tu de jeter à l'eau?
		
		
		Qu'est-ce que c'était Billy?
		
		
		Tu viens de jeter la bouteille de lessive.
		Par dessus bord.
		
		
		...
		
		
		Tu te fiches de moi.
	
	
		Ils regardent la bouteille dériver dans le courant jusqu'à ce qu'elle disparaisse de leur vue.
	
	
		Portishead radio station
	
	
		-Je ne capte aucune fréquence. Que ce bruit blanc qui émane de la surface de dernière diffusion contre laquelle je me cogne.
		
		[Est-ce que la neige de la radio est la même chose que la neige à la télé ? Disparue, aujourd’hui, cette trace de la fin de l’infini, le bout du bout de l’espace observable, avant un autre infini, lui, sans limites connues. Le numérique a caché le témoin des origines de notre univers, pour dire, nous sommes au centre de celui-ci, nous l’avons fait, fabriqué de toutes pièces. Billy, tu es acteur de notre espèce, chaque humain est un maître, tu ne peux t’y soustraire.]
		
		Je ne capte pas le (nom du bateau). Je ne capte pas Billy.
		Rien d’autre que le froissement des fourmis.
		La fréquence de la mort.
		
		-Depuis quand est-ce que la fréquence blanche est celle de la mort ?
	
	
		Tim : -Tim
		Ben : -Ben, et lui c'est Nicholas, Nick
		Tim : -Salut
	
	
		Ben : -Alors tu es arrivé ici comment Tim. T'as pas fait d'études?
		Tim : -J'ai fait une pause pour faire un peu d'argent.
		Ben : -Tu connais qui ici?
		Tim : -C'est mon oncle qui connaît le chef.
		
		Ben : -Et tu faisais quoi comme études Tim?
		Tim : -Maths.
		Ben : -C'est pas mal ça.
		Nick : -Oui, c'est pas mal.
		
		Tim : -Je pouvais pas encore payer le master, et puis ce qui m'intéresse, au fond, c'est la physique...
		
		Ben: -Tu vas voir ici, les maths, tu n'en auras pas beaucoup besoin...à part si on te colle aux comptes...ni la physique...(ça peut servir à réparer les machine?)
		Tout est automatique chez nous.
		Tim : -Je sais, je ne suis pas venu pour ça.
		Ben: -Alors tu es venu pour quoi?
	
	
		Ben : -Toi tu ne seras pas un raté comme nous Tim.
		Nick : -On n'est pas des ratés.
		Ben : -Tu as vu comme on bosse? Tu n'aurais pas voulu d'autre chose? Autre chose que cette immense chambre froide?
		Nick: -J'ai mon fils, il a un bon job, j'ai ma femme, mariés depuis 19 ans. C'est pas moi le plus raté en tous cas.
		Ben : -...Pas moi non plus, avec mes trois marmots.
		Nick : -Donc tu penses que c'est moi le plus raté.
		C'est pas le nombre qui compte!
		
		
		Ben : -Et toi Billy, tu n'es pas non plus le plus raté avec ton bateau.
	
	
		Nick : -Qu'est-ce qui t'intéresse comme ça?
		Tim : -Rien, rien.
		Nick : -Tu as trouvé quelque chose?
		Tim : Non.
		Nick : -Alors tu penses? 
		Moi aussi tu sais je me mets d'un coup à partir dans mes pensées parfois pendant le tri. Je fais mes trucs, avec mes mains, les machines... je les fais bien, hein, mais je réfléchis...
		Tim: -C'est ça.
		Nick : -Moi je réfléchis à des trucs... Parfois ça va super loin, hein, parfois j'ai commencé à penser un truc : "ce bar est beaucoup trop gros pour la normale", puis "si je l'ouvre je vais peut-être trouver un trésor inattendu", après "c'est sûrement un plastique ou un bouchon de ligne, ça arrive tout le temps" et après je me mets à dériver sur le repas du soir avec ma femme, que j'aimerais bien faire ci ou ça, et puis mon fils et ses études, le potager que j'ai laissé en plan, ou même l'autre jour, je sais pas, je pensais au jour où les algues et les poissons se révolteraient...
		
		Tim : -Nick, ils sont à qui ces poissons?
		Nick: -Quoi?
		Cette caisse-là?
		Tim: -Oui. C'est marqué "(nom du bateau)".
		Nick: -Alors c'est à Billy ça, c'est son bateau. Pourquoi?
		Tim : -Pour rien.
		
		
		Je pensais.
		
		
		
		
		
	
	
		ALLO, BRAVO 
		INDIA 
		LIMA 
		LIMA 
		YANKEE
	
	
		BRAVO 
		INDIA 
		LIMA 
		LIMA 
		YANKEE
		VOUS ME
		RECEVEZ?
	
	
		Mon effacement progressif hors de toute carte.
	
	
		Le météorologue:
		-Le ciel au-dessus était une plaque de verre.
		Froid, dur, impénétrable.
		La condensation à l'intérieur se matérialisait en une multitude de gouttelettes désagréables qui venaient se greffer sur la peau. 
		L'une se formait, puis se dédoublait, puis se démultipliait.
	
	
		Où est le Nord? 
		Pourquoi les appareils ne répondent-ils pas?
	
	
		La moiteur de ma peau à 157 jours de mer. 
		Sa dureté par le sel. 
		Les yeux suintants en permanence.